Le 15 avril 2019 – Nolwenn Cosson

Quinze studios réservés aux personnes les plus démunies à Longpont-sur-Orge

Longpont-sur-Orge, mercredi 10 avril 2019. Catherine, Thierry et Jean-Philippe, en compagnie de Sandrine Mercier (à gauche), la responsable du site, font partie des 15 résidents qui vivent dans la pension de famille aménagée par l’association Monde en marge. 

L’association Monde en Marge Monde en Marche vient d’aménager sa première pension de famille. Les résidents peuvent rester sur place aussi longtemps que nécessaire.

Ils ont trouvé un havre de paix. Un lieu pour se reconstruire. Et se tourner, doucement, vers l’avenir. Une pension de famille vient d’être inaugurée rue du Lavoir à Longpont-sur-Orge. Dans cette ancienne chapelle, vendue en 2014 par le diocèse de Paris, quinze studios de 20 à 25 m2 chacun ont été aménagés, juste à côté de 15 nouveaux logements très sociaux, par les membres de l’association Monde en Marge Monde en Marche, en partenariat avec la Fondation Abbé-Pierre. « Ils sont destinés aux personnes les plus isolées, avec des parcours de vie compliqués », explique Roland Franquemagne, le président de cette association créée à Longpont en 2006 dans le but de réaliser des logements accessibles à tous.

À 35 ans, Thierry est le premier résident à avoir posé sa valise dans cette pension. Hospitalisé pendant plusieurs mois à Massy, il s’est retrouvé à sa sortie sans rien. « C’est le CCAS [NDLR : centre communal d’action sociale] qui m’a proposé ce logement. Quand j’ai vu le cadre, j’ai été séduit, confie-t-il. Vivre à plusieurs n’est pas un souci, cela m’est déjà arrivé dans le passé. Et nous avons chacun notre espace. »

Longpont-sur-Orge, juillet 2018. Ici se trouvait l’entrée de l’ancienne chapelle. Du lieu de culte, il ne reste aujourd’hui plus rien./Google street view

Catherine, 47 ans, se réjouit de vivre dans « cette sympathique colocation » où l’on s’organise des repas en commun. Cette femme aux cheveux noirs sort elle aussi d’une longue hospitalisation. En attendant que son dossier soit examiné par la Maison départementale des personnes handicapées de l’Essonne, elle a trouvé refuge ici. « Cela fait du bien de se dire qu’on a le temps de mettre en place un projet, sans que tout dégringole, conclut-elle. Il y a une bonne ambiance. On vit à notre rythme. On n’est pas obligé d’être tout le temps tous ensemble, mais les liens se créent vite. »

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« Contrairement aux autres appartements que nous louons, où les familles peuvent rester jusqu’à 30 mois avec un accompagnement social et professionnel, ici les résidents peuvent y séjourner autant de temps qu’ils en ont besoin, poursuit Roland Franquemagne. Nous ne leur demandons pas un loyer mais une redevance, de 300 à 400 €. Cela doit remplacer les nuitées d’hôtel, trop coûteuses. »

Longpont-sur-Orge, mercredi 10 avril 2019. La pension de famille a été aménagée par les membres de l’association Monde en marge dans une ancienne chapelle./LP/N.C.

Une salariée de l’association présente tous les jours à leurs côtés

Si chacun est autonome, avec un coin cuisine installé dans chaque logement, un espace commun a été aménagé au cœur du bâtiment. Objectif : que ceux qui le souhaitent viennent partager des moments ensemble. « Le but est qu’ils créent du lien entre eux. Qu’ils retrouvent la vision de ce qu’est une famille », précise le président. « Notre objectif n’est pas qu’ils retrouvent rapidement un travail, mais qu’ils prennent le temps de se poser, ajoute Sandrine Mercier, la responsable de cette pension, présente tous les jours à leurs côtés pour proposer, entre autres, des animations. On ne force personne, il faut qu’ils en aient envie. On ne veut pas qu’ils aient le sentiment qu’on leur met la pression. Chacun avance à son rythme. »

D’ici quelques mois, une seconde pension de famille devrait ouvrir ses portes à Gometz-le-Châtel.

EN 13 ANS, 150 FAMILLES ACCOMPAGNÉES PAR L’ASSOCIATION MONDE EN MARGE

Des jeunes en situation précaire, des familles à très faibles revenus, des couples séparés : en 13 ans, l’association Monde en marge a permis à près de 150 familles de retrouver une situation de vie stable. « Nos locataires restent avec nous au maximum 30 mois, explique Roland Franquemagne, le président de cette association. Durant toute cette période, nous leur apportons un accompagnement social. Chaque année, 40 % des familles nous quittent car elles ont trouvé un logement pérenne. »

Pour poursuivre leurs actions, l’association recherche d’autres logements vacants. « Ceux qui possèdent un bien immobilier même en très mauvais état, peuvent nous le confier pendant une durée déterminée à travers un bail à réhabilitation, conclut le président. À l’issue du bail, ils récupéreront un bien en bon état. »

10 000 PLACES CRÉÉES EN FRANCE D’ICI 2022

En Essonne, neuf autres pensions de famille, souvent appelées maison relais ont déjà ouvert leurs portes à Orsay, Étampes ou encore Dourdan. D’autres sont d’ores et déjà programmés. Des projets lancés pour faire face à la crise du logement en Ile-de-France. À Longpont-sur-Orge, l’association Monde en marge a reçu 305 000 € de la région pour subventionner l’aménagement de cette résidence réservée aux personnes les plus démunies.

Une aide qui s’inscrit dans le plan « Logement d’abord ». Lancé par le gouvernement, il prévoit la création de 10 000 places en pension de famille d’ici 2022. Ces logements pérennes doivent assurer un environnement semi-collectif adapté qui répond aux attentes des personnes confrontées à l’isolement. L’objectif est aussi de permettre d’ici la fin de la mandature une régulation puis une diminution du parc d’hébergement, en particulier des nuitées hôtelières qui coûtent très cher.